Jorge Luis BORGES dit
que "Gibbon, dans son XVIIIe siècle, comme celui qui rêve
en sachant qu'il rêve, a encore rêvé ce que les
hommes des cycles antérieurs avaient vécu ou rêvé,
dans les murailles de Byzance ou dans les déserts arabes".
D'une manière semblable, Redonnée s'interne dans l'imaginaire
des peintres des siècles passés, et restitue leurs images
sous forme de labyrinthes oniriques où l'on s'égare
en traversant des mirages.
Chacune de ses oeuvres puise dans le bagage de la peinture, et ce
qui aurait pu être détournement devient évocation.
Redonnée suit la logique du collage : découpage, fragmentation,
recollage des fragments.
Aux six variations visuelles qui construisent toute image (taille,
valeur, grain, couleur, orientation et forme), se superpose l'ambiguïté
du flou et de la transparence.
Le système perspectif se démultiplie en infinité
de point de fuite, les espaces s'interpénètrent. La
figuration du monde se déconstruit en éclairages, fulgurances,
irisations.
Ce travail sur les matériaux provoque des glissements de sens
: chaque objet se transforme en signe d'un nouveau discours, construit
suivant une nouvelle syntaxe, qui exprime l'irrationnel, le rêve,
le phantasme.
L'oeuvre de Redonnée est oeuvre de poète autant que
de plasticien.
Roberto GIMENO*, mars 2002
* Docteur en
Sciences de l'information et de la communication, a enseigné
la Sémiologie graphique à l'E.H.E.S.S. (Ecoles des
Hautes Etudes en Sciences Sociales).
Maître de Conférences des Universités (Sciences
Po, Paris).
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